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Cancun vu du ciel, ou comment résumer en une image le succès du Yucatan – photo prise il y a 6 ans lors de ma première venue sur place

J’entre au Mexique par le Yucatan. Ce n’est pas la pire porte d’entrée, puisque cette péninsule est bordée par des plages de sable fin qui s’étendent sur près de 500 kilomètres au nord de la frontière avec le Bélize. Pour rajouter à ce petit coté paradisiaque, l’eau est l’une des plus claire et des plus turquoise du monde grâce à une particularité géologique du coin: les Cénotes.

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une cenote ouverte – photo prise il y a 6 ans lors de ma première venue sur place

Les Cénotes sont un complexe réseau de caves souterraines qui s’étendent sur l’intégralité de la péninsule. Elles ont été formées par l’effondrement de voutes calcaires situées au dessus de grottes et de rivières souterraines. L’eau de pluie qui alimente ce long système est filtré à travers les parois calcaires des grottes avant de se déverser à la mer. Contrairement à l’estuaire d’une rivière ou eau, alluvions et sédiments sont simultanément rejetés à l’océan avec le courant, c’est par un délicat processus de filtration que l’eau douce vient se déverser dans l’océan. Le résultat: les eaux au large du Yucatan sont d’une transparence quasi inégalée et la visibilité y dépasse souvent les 30 mètres.
Curieusement la région est restée protégée des touristes jusque dans les années 50 lorsque l’aéroport de Mérida est inauguré. Mais ce qui accroit définitivement l’essor du tourisme sur place fut la construction de la station balnéaire de Cancun et l’ouverture d’une autoroute reliant le Yucatan au reste du pays dans le début des années 80.

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les spring breaker et les package tours représentent la grande majorité des touristes sur place

Dans l’imaginaire collectif, Cancun est la station balnéaire par excellence. Pourtant, la sucess story de ce bout de sable en pleine Mer des Caraïbes date de 40 ans à peine, et était loin d’être gagnée d’avance. En 1970, Cancun n’avait que 3 habitants. Afin de développer cette région pauvre du Méxique, le gouvernement décide de construire de toutes pièces une station balnéaire sur place, en s’inspirant du succès d’Acapulco. Problème, aucun n’investisseur n’accepte d’investir sur ce bandeau de sable entouré de jungle. C’est le gouvernement Mexicain lui même qui doit mettre la main à la poche et financer la construction des premiers hôtels sur place.
Rapidement le coup de poker devient un succès commercial. Aidé par l’ouverture d’une autoroute reliant la péninsule au reste du pays, et rendu attrayant par un pesos faible, Cancun attire une large clientèle internationale et particulièrement américaine, finissant même par voler la vedette à sa soeur jumelle Acapulco.
Au cours des dernières années et de la spirale de violence dans laquelle le Mexique a été aspiré, le Yucatan a conservé son attrait pour les touristes étrangers en parvenant à maintenir un niveau de criminalité très bas et en étant épargnée par les règlements de comptes entre narcos.

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Sea, Sex and Big Mac…

Face au succès, le développement touristique s’étend plus au Sud, et Playa del Carmen, qui n’était il y a quinze ans qu’un charmant village de pêcheurs, et lors de mon dernier passage à peine plus qu’un hot spot pour backpackers fuyant la cohue de Cancun, est rapidement entrain de suivre la même frénésie que sa grande soeur. Les bars se multiplient, les boites de nuit aussi et le béton envahit de plus en plus la plage.
Aujourd’hui le nouveau hot spot pour backpacker s’est décalé autour des ruines de Tulum, mais au train où les choses vont, cela ne devrait pas durer… et le bétonnage ne devrait pas tarder.

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vu dans un bar à Playa del Carmen. Au moins ils ont un bon sens de l’humour

Le pendant de cette explosion touristique est le coût écologique de l’opération. Difficilement mesurable, une vue aérienne du site lève de nombreuses questions. Sur une presqu’île paradisiaque, une lignée s’étendant sur 10 miles, où s’empilent les hôtels tous construits au plus près du bord de mer. Tellement près parfois qu’il faut être ponctuel si l’on veut se baigner tout en profitant du soleil, sous peine de le voir disparaitre derrière les gigantesques tours des resorts all inclusive.

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mariachis remontant la plage principale de Playa del Carmen

L’autre question est l’image du Mexique que véhicule Cancun. Celle d’un gigantesque parc d’attractions bon marché, où l’alcool coule à flots, où les règles de décence même les plus basiques sont abolies, et où les clichés sont transformés en art de vivre. Tout quasiment y est permis, et l’intéressant taux de change du dollar ne fait qu’accentuer la déchéance.

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vu sur le parking d’un des bars de Cancun

Qu’en est-il des retombées pour la population? elles restent questionnables: la plupart des touristes ne sortent pas de la zona hotelera, qui a été cédée par l’état à de gigantesques consortiums internationaux. La “vieille ville”, où habitent les Mexicains qui travaillent pour les resorts est quasiment vide d’étrangers. Certes, les locaux forment de la main d’oeuvre pour les chaines hôtelières et les restaurants, mais est-ce vraiment cela le développement durable?

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le Coco Bongo, la boite la plus célèbre de Cancun

Et pan un pelle-mêle photo

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2 Comments

  1. Un Las Vegas a la mexicaine? Une grande motte des ameriques? L atrait semble limite…

  2. […] Article Précédent […]

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