Après mon entrée inespérée sur le sol vietnamien, j’ai voulu accomplir un de mes vieux rêve: voir l’estuaire du Mékong.

En regardant une carte de la région, je me suis aperçu que cela serait plus complexe que prévu. Le Mékong, avant de se jeter dans la Mer de Chine, se divise en 9 bras différents. Les Vietnamiens le surnomment d’ailleurs le fleuve des 9 dragons.
La région du delta du Mékong est une immense plaine fertile et très peuplée. L’eau est partout puisqu’en plus de ces 9 dragons, le Mékong donne aussi naissance à une multitudes de canaux qui irriguent (et inondent parfois) la région. Impossible de rouler plus de dix kilomètres sans devoir franchir un pont ou prendre un ferry pour traverser un cours d’eau.

Ces premiers kilomètres au pays de l’oncle Ho (alias Ho Chi Minh, le grand héros national) me permettent de découvrir qu’au Vietnam, c’est comme dans la chanson de Mc Solar “ici le scooter est le véhicule”. Le vélo, autrefois symbole du pays, a, développement économique oblige, été remplacé par les deux roues motorisés. On en trouve une grande variété allant du vélo électrique au scooter en passant par les mobylettes semi-automatiques.
Le problème que pose cet essor économique soudain, c’est que bien qu’un moteur ait maintenant été ajouté aux deux roues que conduisent les Vietnamiens, leur style de conduite n’a par contre pas évolué. D‘ailleurs rien ne pousse les Vietnamiens à changer leur « Bicycle touch » puisque les limitations qui s’appliquent aux motos sont de 40 km/h en ville et 60 km/h en campagne contre 80km/h pour tous les autres véhicules. Pour rendre les choses encore plus compliquées et dangereuses, les deux roues ne sont autorisés à emprunter que la voie de droite y compris pour doubler. Voulant me faire le plus discret possible, je me résous à rester en première et à rouler au pas. Lizzy se demande un peu ce qui qu’il se passe, et comment ce fait-il qu’alors que nous roulions 8 heures, nous ne parvenions jamais à faire plus de 300 kilomètres. L’avantage, c’est que nous avons tout le loisir pour profiter des paysages et nous payer une partie de franche rigolade lorsque l’on voit les locaux tendre le bras pour indiquer qu’ils vont tourner (où qu’ils ont déjà tourné, ils sont parfois en retard d’un temps).

Ce qui est fascinant dans la région du delta, c’est d’observer à quel point le fleuve est au centre de la vie des habitants. L’eau est partout et la vie tout entière s’est accommodée de cette particularité. Quasiment tout le monde possède une barque ce qui est de toute façon indispensable pour pouvoir rendre visite aux voisins ou  à ses amis qui habitent le long de canaux reculés ; les ferrys sont omniprésents et sont le prolongement naturel des routes.

 


café vietnamien saveur Mékong

 

La vie s’articule autour du fleuve et le tour en bateau que je fais depuis Can Tho me le prouve bien. Alors que je remonte l’un des bras du Mékong pour me rendre sur l’un des nombreux marchés flottants qui entourent la ville, une vendeuse s’approche de moi sur sa barque pour me proposer un café. Alors que je le savoure tranquillement, j’aperçois  sur la rive en face, un homme qui se penche depuis sa terrasse pour rincer sa tête pleine de shampoing.  Au loin, ce sont des pêcheurs, des chapeaux coniques sur la tête qui remontent leurs filets. Tout autour de nous se ce sont des champs et des rizières qui s’étendent à perte de vue et qui bénéficient eux aussi de la générosité de ce même Mékong pour leur irrigation.


Marché flottant dans les environs de Can Tho

Alors que cela fait quatre jours que je fais des zig zag à travers les canaux, je décide d’assouvir cet envie de voir ce mythique estuaire. Je choisis le 9eme dragon, le plus au Nord et suis la boussole de mon GPS pour m’y rendre. Après une heure et demie de route, j’arrive dans le dernier village indiqué sur ma carte. Je m’arrête dans un boui boui pour grignoter un bout. Incroyable mais dans un pays ou personne pas même les étudiants ne parlent anglais, la propriétaire des lieux, une mamy bedonnante prend ma commande dans la langue de  Shakespeare. Elle est charmante et m’explique comment continuer jusqu’à la plage. Elle me dit que par contre je ne pourrai pas voir l’estuaire car la route n’y va pas.

Balivernes! Quand on veut on peut. Je continue la route jusqu’à la plage. Effectivement l’estuaire semble être quelques kilomètres plus au Sud. Par chance c’est  marée basse. Je n’ai quand même pas fait tout ce chemin pour rien : osons ! Je m’élance sur le sable mouvant  avec Lizzy. Je suis partagé entre la sensation de faire une grosse connerie et celle de réaliser un rêve. La plage n’est pas particulièrement glamour, mais maintenant que je suis là… Je roule sur 3 kilomètres, et je finis par apercevoir une rangée d’arbustes qui longe une digue. Banco, j’y suis !!! Le lieu ne ressemble en rien à une carte postale. Des vietnamiens visiblement très modestes profitent de la marée basse pour ramasser des coquillages. Alors que je mets prudemment ma moto sur la béquille latérale, j’aperçois deux jeunes en short. Des surfeurs ? Apparemment pas, puisqu’ils ont tous les deux un AK47. L’un le tien à la main tandis que l’autre le porte en bandouillère suspendu par un vieux fil électrique.

les gardiens du delta

A force de sourires et bien qu’ils ne parlent pas le moindre mot d’anglais, je finis par comprendre que se ce sont des militaires et qu’ils sont en poste ici. Plutôt tranquille comme endroit, mais peut être un peu trop calme ? Je leur fais la revue de ma moto pour les distraire un peu, et ils finissent par se prêter à une séance photos improvisée  avec en toile de fond le fameux estuaire. Un rêve de moins sur ma To Do liste.
Il est temps pour moi de quitter ce delta pour me diriger vers Ho Chi Minh dont je ne suis plus qu’à une centaine de kilomètres. En attendant de vous raconter Saigon (l’ancien nom de la ville pour ceux qui auraient raté un épisode), je vous laisse apprécier un petit pêle mêle photos de ces quelques jours au Sud-Est de l’Asie du Sud-Est.

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6 Comments

  1. J’aime les paysages mais j’ai une préférence pour les portraits qui font vivre le pays.
    Bravo pour le 9ème dragon et la suite.
    T’es un aventureux dans l’âme, cher Beau Gosse.
    Bises de ton Idole.

  2. J’aime les paysages mais j’ai une préférence pour les portraits qui font vivre le pays.
    Bravo pour le 9ème dragon et la suite.
    T’es un aventureux dans l’âme, cher Beau Gosse.
    Bises de ton Idole.

  3. Sympa les marches flottants – alors comme ca ils ont invente le Starbucks flottant 😉 Et finalement ce delta impressionant?

    1. Starbuck flottant, c’est exactement ça. Pour ce qui est du delta, il n’est pas particulièrement impressionnant d’autant qu’il est pratiquement inaccessible et pas du tout mis en valeur. Cela dit, il m’a impressionné parce que j’ai rêvé de le voir pendant longtemps. Maintenant sur les 9 dragons je n’en ai vu qu’un. Peut être que d’autre sont plus impressionnants.

  4. Sympa les marches flottants – alors comme ca ils ont invente le Starbucks flottant 😉 Et finalement ce delta impressionant?

    1. Starbuck flottant, c’est exactement ça. Pour ce qui est du delta, il n’est pas particulièrement impressionnant d’autant qu’il est pratiquement inaccessible et pas du tout mis en valeur. Cela dit, il m’a impressionné parce que j’ai rêvé de le voir pendant longtemps. Maintenant sur les 9 dragons je n’en ai vu qu’un. Peut être que d’autre sont plus impressionnants.

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