Il y a deux semaines, lorsque nous sommes revenu à Erevan, nous avons loué une voiture afin de découvrir le Nord du pays que ni l’un ni l’autre ne connaissions.

Nous nous sommes ainsi rendus sur les bords du lac Sevan. Nous faisons une pause dans la ville de Dzargatzor. Le nom de cette localité est amusante : elle vient en fait du mot « Dzarigs » fleur, et est la ville de la vallée des fleurs.
Cette halte a une valeur particulière pour moi car c’est ici que j’etais venu pour la première fois en Arménie, en 1992 soit un an apres l’indépendance et seulement 3 ans après la chute de l’Union Soviétique.
Je m’étais retrouvé en Arménie alors que j’avais que 11 ans et que je faisais parti des scouts arméniens de France. L’indépendance de l’Arménie venant d’être déclarée une section allait être créée localement. C’est ainsi que nous étions symboliquement venu « passer le flambeau » à la section locale.
Les souvenirs que j’avais gardé de Dzargatzor étaient une ville en ruine, des rues défoncées et une misère omniprésente. Le trajet en bus depuis Erevan m’avait paru interminable d’autant que j’avais eu la mauvaise idée de m’asseoir au fond, sans savoir que le moteur se trouvait là-bas et me faisait rougir les fesses à chaque accélération.
En rentrant dans Dzargatzor, je ne reconnais rien de ce que j’avais vu il y a 17 ans. C’est devenu une station de ski que des investisseurs à grand coup de financement essaient de lancer. Les publicités de skieurs en pleine descente sont omniprésentes, à tel point que je finis par me demander si ce n’est pas à Tigne ou Val Torrens que nous avons fini.

Après s’être pas mal perdu dans la ville, on finit par retrouver les « maisons des écrivains » où j’avais été logé à l’époque. De ces vestiges soviétiques il reste toujours des jolies maisons de bois de couleur, mais le capitalisme est passé par là et chacun des chalets a maintenant été vendus individuellement.
Le bâtiment principale qui nous servait de réfectoire à quand à lui été transformé en pension/hôtel, bien qu’il ait gardé tout « son charme » soviétique.
Dzargatzor hébergeait l’un des centres d’entrainement des équipes olympiques de l’URSS. Dans un contexte de guerre froide, le sport occupait une place centrale dans la compétition que se menaient l’Est et l’Ouest. De mes souvenirs d’enfants je me rappelais un immense centre à l’abandon, avec de gigantesques gymnases fantômes où tous le matériels et les agrès étaient encore présents mais que les athlètes semblaient avoir brusquement fui. Je me souvenais aussi d’abyssales piscines vides. En cherchant un peu nous finissons par retrouver le centre. Il a été renommé Sport Complex.

C’est maintenant un complexe hôtelier axé sur le sport qui a réhabilité plusieurs des nombreux gymnases de l’époque ainsi que quelques bassins.
Certaines sculptures toujours accrochées aux murs traduisent toujours le passé des lieux, et il reste encore du travail pour faire oublier l’historique de l’endroit, mais les choses sont clairement en mouvement.

En continuons notre route vers Dilijan, nous franchissons un col à 2300 mètres. Le décor est celui classique que l’on trouve dans les livres : pelé et rocailleux. Une fois au sommet nous traversons un tunnel et c’est cette fois-ci un tout autre décor qui s’offre à nous. D’immenses forêts touffues s’étendent jusqu’à la ville.
Dilijan était célèbre pour son bon air qui a contribué à l’installation de nombreux sanatoriums dans la région. Aujourd’hui c’est surtout pour les façades de bois de ces maisons et « sa rue » dont la rénovation a été financé par le groupe Tufenkian.
Notre pause est brève et nous mettons le cap vers les monastères d’Aghpat et de Sanahin. Pour se faire nous décidons de rouler vers l’Est et de longer la frontière avec l’Azerbaidjian. Evidement les relations qu’entretiennent l’Arménie et l’Azerbaidjian sont extrêmement tendues.
Nous suivons une route qui longe la frontière. A une intersection nous demandons notre chemin à un passant. Quelques minutes plus tard il nous explique que la route en face de nous a été rouverte récemment. Elle est beaucoup plus courte que la principale mais aussi beaucoup plus dangereuse. C’est en fait un chemin de terre entouré de tranchés pour se protéger des tirs de snipers. Après quelques hésitatons nous choisissons de l’emprunter d’autant que nous avons déjà vu plusieurs voitures immatriculées en Géorgie s’y engager. Nous ne nous arrêtons pas et la zone semble effectivement tendue. Nous croisons plusieurs postes militaires arméniens, camouflés et à moitié enterrés. Au loin nous discernons des anciennes zones habitées où les maisons ont été rasées et incendiées.

Après une quinzaine de kilomètres nous rejoignons la route principale, et là encore un autre poste militaire et au loin une église, perchée sur une colline. Nous nous en rapprochons. En nous voyons les militaires nous font des signes incrédules de voir des touristes ici. L’un d’eux se rapprochent de nous. Il est peu bavard et ne nous dit ne pas connaître le nom de l’église dont il est pourtant poste à quelques centaine de mètres. Après une brève visite des lieux, nous choisissons de reprendre la route cette fois-ci pour s’enfoncer dans des terres belles et bien arméniennes, en direction du monastère de Aghpat.
Et en attendant le prochain post, un pele-mele photo comme à nos habitudes 

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