crédit photo allaboutperutravel.com


Depuis La Paz, je ne dois parcourir que 130 kilomètres pour me retrouver sur les berges du lac Titicaca. J’approche du lac le sourire aux lèvres, en me rappelant qu’il n’y a encore pas si longtemps, j’étais convaincu que ce lac mythique se trouvait… en Afrique. Un coup d’oeil sur mon GPS qui m’indique que je me trouve à  3800m d’altitude et je suis conforté dans mon idée que je suis bel et bien dans les altiplanos andins et non dans la savane africaine. Malgré mon ignorance passée sur sa localisation, le Titicaca n’est pourtant pas n’importe quel lac: c’est le plus grand lac d’Amérique du Sud et le plus haut lac navigable du monde. Plusieurs légendes attribuent au lac Titicaca un rôle central dans l’histoire de plusieurs civilisations andines dont les Incas. L’univers Inca serait né ici lorsque le soleil et sa femme, la lune, auraient vu le jour respectivement à l’Ile du Soleil (Isla del Sol) et l’Ile de la Lune (Isla de la Luna). Manco Capac, le premier Inca et sa soeur/femme MamaOcllo, seraient alors mystérieusement apparus ici aussi, sous les ordres du soleil.
J’arrive sur les berges du lac alors que le soleil disparait à l’horizon. Entouré par des chaines de montagnes aux sommets enneigés, le lac Titicaca et ses eaux turquoises s’étendent à l’infini. Le spectacle est superbe. La route pour s’accommoder au relief très accidenté serpente autour de cette mer intérieure qui n’est pas sans me rappeler le souvenir du lac Sevan en Arménie.

ponton en bois duquel j’essayerai sans succès d’attraper une truite


Pour ma première nuit sur les bords du Titicaca, je m’arrête dans la ville de Copacabana, qui se situe sur une presqu’île au milieu du lac à quelques kilomètres seulement de la frontière péruvienne. Je vois d’ici vos yeux s’écarquiller; vous vous dites que la dernière fois que vous avez entendu parler de Copacabana, c’était associé avec plage de sable fin, fiesta et surtout Brésil. Normal puisqu’il y a effectivement à Rio une plage qui porte le même nom. Cela n’est pas le fruit du hasard mais d’un naufrage, celui d’un marin bolivien originaire de la ville de Copacabana, qui après s’être échoué sur la célèbre plage brésilienne il y a plusieurs siècles l’a du même coup baptisée.
Après avoir passé une nuit et pris mon petit dej dans un café de la rue principale, je comprends que cette ville n’est pas pour moi. Trop de touristes, trop de musique techno… je récupère mon sac à dos, abandonne temporairement la Chérie Moya dans un garage de la ville et je me lance dans un trek le long de la péninsule qui s’étend au Nord de la ville et s’approche des côtes de l’Isla del Sol. Pour l’une des premières fois depuis que je suis en Bolivie (La Paz et mon hôte Mai mise à part…), les locaux sont particulièrement agréables et accueillants. Leurs conditions de vie semblent être plus décentes que les villages que j’ai traversés plus tôt lors de mon entrée dans le pays et le lien “conditions décentes de vie” – “sympathie avec les étrangers” devient du même coup évident. Les habitants qui me voient passer me font de grands signes de la main et je suis même invité à boire un verre d’un alcool non identifié et pas forcément très goûteux. Après 6 heures de marche et plus de 20 kilomètres, j’arrive en face de l’Isla del Sol.

première rencontre avec le lac Titicaca


Une petite discussion avec des pêcheurs locaux pour qu’ils me fassent traverser l’estuaire et ils m’annoncent un premier prix qui me parait raisonnable. Alors que je m’apprête à accepter leur offre, ils reviennent vers moi et me disent s’être trompés et m’annoncent un nouveau chiffre près de 4 fois plus élevé que le premier. Je me lance alors dans une négociation difficile, lorsque j’aperçois au loin 2 personnes arriver par le même chemin que moi.Un “hello” plus tard, je découvre qu’il s’agit d’une touriste française accompagnée de sa guide bolivienne. Leur bateau est déjà réservé et je n’ai pas besoin de beaucoup insister pour qu’elles me proposent d ’embarquer avec elles. Mon malheureux pêcheur se retrouve le bec dans l’eau; lui qui voulait me facturer 4 fois le prix me regarde m’éloigner du ponton sans même avoir payé la traversée. Alors que nous traversons le minuscule bras de lac qui sépare la péninsule de l’île, je découvre en conversant que la demoiselle qui m’a gentiment invité sur son embarcation est joueuse professionnelle de vielle. C’est cet instrument baroque qui l’a amenée jusqu’en Amérique du Sud pour se produire lors d’un festival à Santa Cruz, dans le Nord Est du pays. Les présentations se poursuivent lorsque son téléphone sonne: c’est un texto qui arrive directement de France. Nous sommes loin de la civilisation mais en ce dimanche 22 avril 2012, les résultats du premier tour de l’élection présidentielle française parviennent à nous rattraper au beau milieu du lac Titicaca. Je regarde les berges d’Isla del Sol se rapprocher et j’admire les milliers de cultures en terrasses qui modèlent l’île, tout en découvrant avec consternation le score de 18% obtenu par le FN. Pas sûr que je sois si heureux que ce SMS nous ait retrouvés au milieu des Andes.
Le bateau nous laisse au milieu de l’île, mais j’ai choisi de passer la nuit du coté Sud d’Isla del Sol. Sur une carte ça ne parait pas bien loin, et effectivement ça ne l’est pas vraiment à vol d’oiseau. Mais l’île est extrêmement vallonnée et monter et descendre en permanence lorsque l’on se trouve déjà à près de 4000m d’altitude, ce n’est pas si facile. J’arrive à la nuit tombée à mon hostel après avoir traversé la moitié de l’île et une poignée de petits villages tous plus mignons les uns que les autres.

enfants sortant de l’école et aussi surpris qu’amusées de voir un Gringo crapahuter à travers l’île à 18 heures


Je me réveille tôt le lendemain pour faire le tour de l’île. Aucun autre moyen de locomotion que le mulet ou ses jambes. Il n’y a aucune route, juste de vertigineux chemins de terre qui la traversent l’île du Nord au Sud. Suivre ces sentiers est un spectacle en soit: les paysages sont magnifiques, l’eau turquoise du lac donne l’impression que l’on se trouve dans les caraïbes, mais les sommets de la Cordillera Real et le souffle court dû à l’altitude vient vite rappeler que l’on n’est bien loin des tropiques. le ciel est d’un bleu profond et la haute altitude le rend particulièrement clair. Les cultures en terraces qui remontent à l’époque pré-Inca créent un magnifique dégradé de vert dont l’intensité oscille en fonction de leur altitude.


Les habitants de l’île ont mis en place un système de péage dont les touristes doivent s’acquitter pour pouvoir parcourir l’île. Le montant est quasi symbolique pour des occidentaux, 2 euros, et permet aux autochtones de trouver un intérêt dans la venue des touristes sur leur île. Ce système qui est géré directement par les habitants d’Isla del Sol permet d’établir une relation gagnant/gagnant entre touristes et autochtones et c’est probablement pour cela que les relations sont ici beaucoup plus apaisées.

ponton en bois duquel j’essayerai sans succès d’attraper une truite


Ma journée sur place est magique. Je m’extasie devant les paysages, m’amuse à aller pêcher depuis un ponton branlant en bois, je me régale de photos en immortalisant tout ce qui passe dans la ligne de mire de mon objectif. Pour agrémenter l’ensemble, les habitants sont charmants et contrairement à partout ailleurs en Bolivie, ils acceptent de se faire prendre en photo sans aucun souci. Dernier détail et non des moindres, l’île, qui est habitée par l’homme depuis plus de 4000 ans est recouverte de ruines Inca et pré-Inca. Le mysticisme que les civilisations Tiwanaka et Inca et les ethnies Aymara et Quechua attribuent à ce lieu semble communicatif et une sérénité se dégage de cette gigantesque étendue saphir.
Et pour ceux à qui le mysticisme ne parlerait pas, une autre légende dit que l’or des Incas se trouverait immergé quelque part au milieu du Titicaca. Si vous prévoyer de venir sonder ses eaux à la recherche de ce trésor, sachez tout de même que la profondeur moyenne du lac est de 450m.
Et vlan un pêle mêle pour vous donner un apercu de la splendeur des lieux

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5 Comments

  1. Le lac Titicaca – lac des pumas de pierre ou le tresor des Incas se trouve; L’as tu repere?
    Tres belle photo de l’Isla del Sol.

    1. @Flo: Je l’ai plus que repere, je l’ai repeche meme, je suis mega riche depuis quelques jours ;-0

  2. Tu partages? 😉

    1. @Flo: rien du tout, tout pour ma gueule, enfin faudrait déjà que je le trouve… 😉

  3. […] deux heures et demie de patience. Après avoir passé plusieurs jours sur la superbe Isla del Sol (petit rappel ici pour ceux qui auraient raté un épisode), je reprends la route au volant de la Chérie Moya en direction du poste de frontière de […]

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