Nous ne vous en avions pas parlé, mais juste avant de passer au Kosovo, nous avons fait un petit tour par l’Albanie.

On nous a vanté les belles plages au Sud du pays, et un territoire quasi vierge de tout touriste. Notre expérience sur le terrain commence pourtant plutôt bien comme le montre cette vidéo

Et puis notre idylle se ternie progressivement… La première ville sur notre route est Shkoder. En nous en rapprochant, des enfants débraillés, pieds nus, et les cheveux ébouriffés s’approchent de nous. Ce sont des jeunes Roms qui mendient de la nourriture alors que nous sommes  bloqués dans les embouteillages. La vue des motos les excite beaucoup et ils  s’agrippent à nos machines et essaient de tourner nos manettes d’accélérateur. Nous leur faisons comprendre que nous ne voulons pas, mais cela n’a que peu d’effet.

Ils tournent autour des motos et commencent à tirer sur les sacs plastiques que nous avons accrochés sur nos valises. Pour éviter que la situation se complique, nous décidons de nous faufiler dans le trafic pour nous éloigner d’eux. C’est chaotique, mais nous parvenons tout de même à traverser le pont de bois qui nous sépare de la route qui entre dans la ville.

Résultat des courses : un trou dans un sac plastique. C’est contrariant mais le plus contrariant ce n’est pas nos baskets ni notre paquet de spaghettis qui dépassent du trou, mais plus ce brusque rappel à la réalité. Nous avons franchi une frontière, et sommes à quelques centaines de kilomètres de l’Europe. Pourtant nous trouvons des enfants, dans un état terrible de saleté et de pauvreté pour qui la faim n’est pas un mot mais une réalité.

De l’autre coté du pont, nous prenons à gauche: erreur. Nous rentrons dans la ville. Un mélange éclectique de voitures, charrettes, vélos, piétons, chiens se partagent la chaussée. Aucun panneau. Nous nous enfonçons de plus en plus dans un dédale de rues et finissons par nous arrêter à coté d’un café pour demander notre route. Un attroupement d’une vingtaine de personnes se forme rapidement. Un mélange de français, d’anglais, de langage des signes, combiné à notre accent albanais visiblement plutôt bon nous permettent de faire comprendre que nous cherchons notre chemin.

Problème, personne n’est d’accord sur la direction à prendre. L’un nous indique la droite, l’autre crie que c’est à gauche tandis que le dernier est convaincu que c’est tout droit. Notre GPS dans tout ca ne nous aide pas beaucoup et n’affiche rien du tout… Pour lui en Albanie, il n’y a qu’une route et on n’est pas dessus. Merci Garmin !

Au bout de 15 minutes, nous finissons par les remercier et avançons jusqu’à une station service. Le patron nous indique une route qui ne figure pas sur aucune des cartes que nous n’avons pas dans notre guide. Il la dessine donc au crayon à papier. Il paraît qu’elle est en très bon état.

Nous voici donc partis, et effectivement les conditions de conduite s’améliorent rapidement: moins de monde, moins de trafic, et plus de bitume sur la chaussée.

Nous hésitons à passer la nuit dans le pays bien que notre premier contact avec la population nous ait un peu refroidit. Soudain des enfants se mettent à nous jeter du raisin. Nous ne savons pas trop comment l’interpréter.

Certainement un signe de bienvenu. Quelques kilomètres plus loin, la même scène, mais cette fois-ci les gamins ne veulent peut être pas gâcher la nourriture et ce n’est plus des grains de raisins… on entend 2 pocs et on finit par comprendre qu’en fait ils nous jettent des pierres…  On ne prend pas plus le temps de décrypter ces signes de joies populaires et on met les gaz pour s‘éloigner de ces jeunes rebelles! Lizzie et Penn Ar Bed ont un gros coup d’adrénaline mais pas d’égratignures. Yves et moi sommes incrédules et, peut être pour évacuer la pression, nous nous payons l’un des plus gros fou rire depuis le départ. La décision est prise. Nous ne resterons pas ici cette nuit. Le pays est peut être merveilleux, mais nous avons un mauvais feeling. Nous préférons filer à la frontière kosovare. La route se transforme rapidement en une énorme autoroute déserte.

Un autre jeune berger nous fera des signes peu amicaux avec ses doigts. Il nous menacera aussi de loin avec son bâton. Les premières impressions ne sont visiblement pas toujours les meilleures. L’Albanie on dirait que ce n’est pas pour nous !

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5 Comments

  1. Pensez-vous que c’est lié à la politique Française vis à vis des Rom ?
    Pas certain que ce soit arrivé à leurs (pauvres) oreilles.

    1. @Jerome,
      Non j’en doute fortement. Je pense que c’était juste des jeux de gamins… un peu plus virils que d’habitude.
      Ils ne savaient de toute façon pas que nous étions français, et nous ne nous sommes pas arrêtés pour le leur dire 😉

  2. Hi les passengers,
    Et comment expliquer ces réactions d’agressivité ?
    Pensez-vous avoir été pris comme cibles parce qu’étrangers ?
    Y a t’il beaucoup de bikers sur les routes albanaises ?
    Y a t’il des structures touristiques ?
    Le pays semble terriblement pauvre !
    Et tout cas, quel dommage que les actes belliqueux de certains vous ont poussés à fuir le pays !
    Vraiment aucun regret ? Car vous allez en rencontrer des difficultés et il sera toujours pas aussi simple de s’échapper !
    Allez bonne route et prudence !

    1. @Dukan,
      Nous ne les expliquons pas trop. Probablement parce qu’ils n’ont pas l’habitude de voir des touristes, en moto de surcroit. Les bikers ne sont pas légion en Albanie.
      Pour ce qui est des structures touristiques, nous ne sommes pas restés très longtemps dans le pays comme nous l’expliquons dans notre article, cela dit mis part quelques hôtels, nous n’avons pas vu grand chose. Les conversations que nous avons pu avoir avec des Albanais rencontrés en chemin semble montrer que le tourisme est plus développé à Tirana, la capitale, mais qu’à part cela, le territoire est assez vierge. Le Sud du pays semble être la partie qui a le plus de potentiel, avec de très belles plages (que nous n’avons pas vues) quasi désertes pour l’instant car pas exploitées.
      Pour répondre à ta dernière question, non aucun regret, au contraire, cela aussi fait partie du voyage, en plus ils ne nous ont pas touché 😉

  3. Jerome m’a devance, la politique francaise et la fameuse circulaire – bien que niee et finalement reecrite – exigeant le demantelement des camps de rom en France a fait enormement de vagues en Europe…
    Bref je ne pense pas que tout cela soit arrive aux oreilles de ces enfants et leur comportement respire plutot l’hostilite et la mefiance vis a vis des etrangers, si proche de notre ‘societe et civilisation moderne’ et pourtant si loin…

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