Après m’être bien amusé à pêcher la truite avec mes amis cyclistes, il était temps de reprendre le voyage. Comme je vous l’avais indiqué dans mon précèdent article (disponible ici), la route coté chilien s’arrête à Villa O’Higgins. Il faut donc que je remonte 250 kilomètres plus au Nord afin de traverser la Cordillères des Andes et de rejoindre l’Argentine, où la mythique Ruta 40 permet elle de descendre jusqu’à Ushuaia.

sur la route menant à la frontière


Après être revenu sur mes pas, je me lance sur la route qui mène au poste frontière d’Entrada Baker. Elle ressemble à un sentier de montagne mal entretenu, à tel point que je me demande si je ne me suis pas trompé d’intersection. J’ai roulé moins de 80 kilomètres en direction de l’Est, mais déjà les paysages se sont métamorphosés. Les glaciers, cascades et autres rios, omniprésents coté chilien, ont laissé la place à de la pampa, de la végétation rase et jaunâtre, caractéristique des régions arides sud américaines.
Je croise aussi sur ma route mes premiers guanacos (des vigognes en français), ces lointains cousins des lamas que l’homme n’a jamais réussi à domestiquer. Nous sommes en plein pendant la saison des accouplements et les males sont extrêmement agressifs, tellement agressifs qu’ils en oublient ma présence et se battent au beau milieu de la piste.

Après 85 kilomètres, j’arrive nez à nez avec une barrière de fortune; à coté trois maisons. Il s’agit du poste frontière chilien : les douaniers habitent ici avec leur famille. J’attends de longues minutes devant la fenêtre le temps que l’officier apparaisse ; je crois que je l’ai réveillé, il n’y a pas beaucoup de passage dans le coin. Après quelques minutes, son air bougon disparaît et il devient plus sympathique. En voyant les autocollants qui ornent la fenêtre du poste de douane, je lui demande si je peux ajouter celui des « Passengers ». Non seulement il accepte, mais il me demande de lui en donner un pour sa collection personnelle.


Après avoir terminé les formalités, je continue dix kilomètres dans la zone du no mans land. Elle ne diffère pas vraiment des 85 précédent kilomètres : de la pampa, encore de la pampa et toujours de la pampa… Soudain un deuxième face à face avec une barrière, cette fois-ci c’est le poste frontière argentin. 5 minutes de paperasse, un des deux gendarmes qui en drague Marion, et nous sommes repartis.

Nous repartons direction Bajo Caracoles… enfin c’est ce que nous pensons. Un croisement, deux routes et… une boulette plus tard, nous nous lançons sur une piste en très mauvais état. Alors que cela fait 40 kilomètres que nous roulons, je m’étonne d’aller plein Nord depuis si longtemps. Vérification sur de carte… ouch nous avons fait une crosse bourde ; en fait nous roulons en direction de Los Antiguos, l’autre poste frontière avec le Chili situe 90 kilomètres plus haut. Nous hésitons à faire demi tour, mais compte tenu de l’état de la piste, nous choisissons de continuer, commettant ainsi notre seconde erreur. L’état de la piste empire, les pierres qui font office de revêtement sont de plus en plus grosses et de plus en plus pointues.
La voiture vibre dans tous les sens, mais brusquement le bruit dans l’habitacle augmente encore et surtout la direction ne répond plus correctement. Je jette un coup d’œil par la fenêtre et… trouve rapidement l’explication. Le pneu arrière gauche vient d’exploser : pas juste une petiote crevaison, les flancs du pneumatique présentent deux énormes trous et la bande de roulement a commencé à s’arracher. Impossible de réparer.
Comme dans toutes les voitures récentes, la roue de secours est dans le coffre. Ultra pratique lorsque l’on a 5 sacs à dos, une glacière, un bidon d’essence et des réserves d’eau qui s’entassent à l’arrière du véhicule. Après avoir tout vidé, je me lance dans le changement de la roue mais, loi de l’emmerdement maximal oblige, je me rends compte en desserrant les écrous de ma roue, que la clé de 19 que j’ai avec moi est faussée et tourne dans le vide.
La bonne nouvelle c’est que nous avons de l’eau et de la bouffe. Les mauvaises sont que nous n’avons vu passer personne depuis 2 heures, que nous sommes le 31 décembre à quelques heures seulement du réveillon et que d’après la carte, la ville la plus proche est à… 100 kilomètres et le poste de frontière lui à 40… joie ! Je trouve la situation comique… Marion un peu moins.
En discutant nous nous souvenons avoir vu une petite demi heure plus tôt deux pêcheurs. Marion part dans leur direction tandis qu’après une ultime tentative de déboulonnage à mains nues, je pars en sens inverse.
Comme dans toute galère, la chance sourit toujours à qui sait être patient. Je marche depuis moins de 5 minutes lorsqu’un gros pick up arrive à ma hauteur. Ils n’ont pas les outils mais m’amènent vers les pêcheurs en récupérant Marion au passage.

Plus que des pêcheurs c’est en fait une famille qui est réunie autour d’un assado la version argentine du méchoui. Ils trouvent la clé de 19 qui me manque dans une Renault 12 hors d’âge. Moins de 30 minutes plus tard, tout est réparé et nous pouvons reprendre la route.
Evidemment la crevaison perturbe un peu nos plans de réveillon et c’est au milieu d’un aérodrome de campagne que nous nous arrêtons à 22h15 pour camper. Le repas est festif : deux steaks argentins trop durs, des pâtes mais surtout une bouteille de Malbec.
Bonne Année à tous !

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1 Comment

  1. Bonne Année 2012 – La santé, de belles aventures et rencontres!

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