Arriver devant la Statue de la Liberté après 2,5 ans de route et 92000 km terrestre: YES I DID

Arriver devant la Statue de la Liberté après 2,5 ans de route et 92000 km terrestre: YES I DID

Mon réveil sonne à 7h00 après une bonne nuit de sommeil. Je prends une douche tout en réalisant que c’est la dernière fois de ce voyage que je vais effectuer mon rituel de départ, le même depuis deux ans et demi.

Je range d’abord mes affaires de toilette, puis je m’équipe et m’habille chaudement, avant d’enfiler mon pantalon et ma veste de moto. J’enfile enfin mes bottes, celles la même avec lesquelles j’avais quitté le rond point du Trocadéro en Septembre 2010, et qui m’ont accompagné des sommets l’Himalaya jusqu’aux routes cambodgiennes inondées, en passant par les déserts iraniens, et américains.

Une fois habillé, je fixe mes deux valises en aluminium sur ma fidèle Lizzy, puis sangle une dernière fois mon gros sac étanche dans lequel j’ai rangé toute mon électronique.

Je suis partagé entre la joie d’être à quelques heures de boucler cet incroyable périple, et la tristesse de voir se terminer ce mode de vie nomade qui est le mien depuis 864 jours très précisément.

Même s’il ne me reste que 200 kilomètres à parcourir, je veux rester concentrer jusqu’au dernier moment. J’ai vu au Vietnam ce qu’il pouvait arriver dans les dernières lignes droites, lorsqu’à moins de 50 kilomètres de Hanoi, mon ultime étape asiatique, j’avais eu une collision avec une locale à moto.

Comme lors des deux dernières semaines, la température est polaire. Après avoir enfilé mes gants et troqué mon bonnet pour mon casque de moto, je m’élance.

Je fais un rapide détour par le centre de Philadelphie pour voir la cloche de la liberté. La légende dit qu’elle aurait résonné juste après la signature de la Déclaration d’Indépendance le 4 juillet 1776. Elle est par la suite devenue le symbole des abolitionnistes américains engagés dans la suppression de l’esclavage. Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur son incroyable histoire, je vous renvoie vers l’excellent article wikipedia associé.

La Liberty Bell a la particularité d’être fendue sur l’un de ses cotés. Elle est exposée dans le centre de la ville, à proximité du Hall of Independence.

Et un petit selfie devant la Liberty Bell

Après avoir pris la traditionnelle photo souvenir en mode selfie, je m’apprête à reprendre la route lorsque mon téléphone sonne. C’est ma mère qui veut que je lui confirme le lieu et l’heure de mon arrivée à Manhattan.  Nous nous accordons sur 15h00.

Mes parents sont arrivés la veille aux USA après avoir trouvé un vol pour New York pas cher avec momondo.

Je reprends la I95 et finis après une heure de route par dépasser un panneau « Welcome to New Jersey ». L’autoroute rejoint le NJ Turnspike, le périphérique local que j’avais l’habitude d’emprunter lorsque j’habitais à New York.

Une quarantaine de minutes plus tard, je vois se dessiner la skyline de New York à l’horizon : tout devient réel. Je distingue nettement le sommet de l’Empire State, et la forme caractéristique du Chrysler Building avec son chapeau métallique.  Je touche presque au but, et pourtant, je n’arrive toujours pas à  y croire…

Je repense à ces moments au cours de mon voyage, où j’essayais de m’imaginer le jour où enfin j’atteindrais New York. J’ai rêvé ce moment, de nombreuses fois, et c’est aujourd’hui, mercredi 23 janvier 2013 que le rêve est entrain de devenir réalité.

Je ne suis plus qu’à quelques centaines de mètres de la rivière Hudson, qui longe l’île de Manhattan sur l’Ouest. Je décide de sortir du périphérique pour me rendre à Liberty Park, un parc qui longe la rivière sur deux miles et depuis lequel on a l’une des meilleures vues sur la pointe de Manhattan. Il abrite une ancienne gare ferroviaire qui remonte à l’époque où Ellis Island était encore un centre de quarantaine pour les nouveaux entrants aux Etats-Unis (voir l’article de wikipedia pour en savoir plus sur Ellis Island, et le film The Immigrants, avec Marion Cotillard qui vient de sortir sur les écrans).

En m’approchant des berges, je m’aperçois que l’ouragan Sandy qui a touché New York en octobre 2012, a fait d’importants dégâts. La plupart des lampadaires sont cassés, des rambardes et des bouts de murets jonchent le sol et des bancs pourtant scellés dans le béton ont été arrachés.

L’accès au parc est condamné, mais la vue est si belle et le moment si unique pour moi que je décide de passer outre pour aller prendre quelques photos.

la skyline de New York juste en face de moi. Il m’aura fallu 2,5 ans et 92000km pour arriver là…

Malgré la température, j’enlève ma veste de moto et mon pull, et pose en tee-shirt en face des tours du Financial District. Mon excitation est telle que je sens à peine le froid. Ce n’est qu’au bout d’une dizaine de minutes que je m’aperçois que l’eau de la rivière, qui est pourtant à l’embouchure de l’océan Atlantique et donc salée, est gelée sur d’immenses portions. Pas de doute, ca caille…

Il est déjà 15h00, l’heure à laquelle j’ai donné rendez-vous à mes parents et les rares fous ayant décidé d’affronter le froid pour venir m’accueillir à Battery Park. La ponctualité n’a jamais été mon fort, mais aujourd’hui plus qu’à l’habitude, je décide de ne pas prêter attention à l’heure et de profiter de ces instants.

J’ai l’impression que New York toute entière m’accueille, et que pour rendre cela encore plus émouvant, elle a demandé à un soleil resplendissant d’être de la partie.

C’est finalement le froid qui finit par avoir raison de ma joie et me rappelle à mes prerogatives. J’enfourche ma moto et m’élance pour les ultimes kilomètres qui me séparent de Battery Park. En traversant Jersey City, je passe devant l’immeuble de la Société Générale où j’étais basé lorsque j’habitais à Big Apple. Amusant de revenir sur place en moto.

Je choisis de prendre le Lincoln Tunnel, l’un des deux uniques tunnels qui relient le New Jersey à La Pomme. La circulation est de plus en plus dense. J’arrive sur Manhattan à hauteur de la 40ème et de la 10ème avenue. Le nombre de taxis jaunes finit de me convaincre que je ne me suis pas trompé de ville.

En tournant la tête, je m’aperçois que New York ne s’est toujours pas convertie à l’éco-attitude: nous sommes en plein milieu de l’après midi, pourtant un halo de lumière s’élève déjà au niveau de Time Square.

Je continue le long de la 7ème avenue avant de tourner sur Warwick Street et de suivre  Broadway. Elle m’amène jusqu’à la pointe de Manhattan.

Alors que j’attends au feu rouge, j’aperçois mon père à coté d’un banc. Je klaxonne, mais il ne me voit pas jusqu’à ce que je passe à son niveau. Un demi-tour plus tard et je peux enfin le prendre dans mes bras, me rendant compte qu’il est transi par le froid.

Pour l’une des premières fois de ma vie, je vois mon père verser une larme en me voyant arriver sain et sauf à destination. Alors qu’elle ruisselle lentement sur sa joue, elle n’a pas le temps d’atteindre ses moustaches qu’elle s’est déjà transformée en une stalactite glacée.

Il m’explique que ma mère et le reste de la famille sont allés se réchauffer dans un café. J’ai une heure et demi de retard et il fait -10 °C. Quelques instants plus tard, ils nous rejoignent. Deux ans et demi que je ne les avais pas vus : c’était long!

mes courageux parents et ma tante (dédicace à mon cousin Raffi qui prenait la photo) venus affronter le froid pour m’accueillir

Je me retourne et savoure cet instant que j’ai 1000 fois rêvé. Au loin, j’aperçois la Statue de la Liberté, majestueuse dans un voile de lumière orangée. Le soleil est entrain de s’évanouir à l’horizon. Apercevoir la Statue de la Liberté a été pendant des décennies, le rêve de milliers d’immigrants qui rejoignaient les Etats-Unis en espérant y trouver une vie meilleure. Finir mon aventure ici est symbolique. Cette Liberté qui guide le Monde, m’a également guidé durant deux ans et demi, dans les joies comme dans les moments plus difficiles, je n’ai pas flanché et je suis resté concentré sur mon objectif.

La Liberté guidant le Monde

Arrivé ici, seul, après avoir traversé 5 continents et roulé 92 000 kilomètres a une saveur particulière : celle du challenge accompli. Cela n’a pas été facile mais comme je l’ai toujours cru, avec de la détermination, rien n’est impossible.

Aujourd’hui plus que jamais, je suis convaincu qu’il est important de croire en sa bonne étoile, de croire en sa chance, et surtout de croire en soi. Les limites sont faites pour être repoussées.

Believe there is No limit but the sky!

Et vlan le pêle-mêle de cette arrivée:

Arrival in New York - New York City, New York, USA

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13 Comments

  1. Je m’y vois bien 🙂 (et croise les doigts pour arriver jusque là)

    1. profites en car tu y seras plus vite que tu ne le penses 😉

  2. Bonsoir, on ne se lasse pas de lire des articles sur NYC surtout qu’on ne finit jamais de découvrir de nouvelles choses. Un grand merci pour ce partage et bonne continuation!

  3. Quand la grande aventure devient presque une routine… 😉 De belles photos de ton arrivee, merci d’avoir partage tes experiences qu’elles aient ete excitantes, effrayantes ou meme bouleversantes. Une page se tourne pour toi mais nous ne nous lasserons pas de contempler tes photos et nous nous prendrons encore a rever de ces voyages.

  4. Les USA, c’est ma prochaine destination. Merci pour ton article, ça m’a permis de relever quelques informations pour mon prochain voyage ;). Bonne aventure dans tes voyages ! Tomy

  5. Félicitations pour ce magnifique périple et d’être allé au bout ^_^

    1. Merci 😉

  6. new-york est une très belle ville. la skyline de New York est juste magnifique.

  7. New-York est une ville incroyable. Nous y avons passé 6 petits jours en 2013 et ce voyage nous a donné envie de retourner aux Etats-Unis pour découvrir d’autres coins comme la Floride et surtout l’Ouest Américain.

  8. Bonjour Anto
    Je pars faire une grande balade à moto moi aussi dans 2 mois, et ton blog a été une vraie source d’inspiration !
    Merci d’avoir partagé ton expérience 🙂

    1. Bonjour Guilhem,
      Merci pour ce gentil commentaire et pour me lire. A quelle adresse pourrons-nous suivre ta grande balade?
      Anto

  9. Bravo pour l’article !
    Je suis déjà allé à New York mais je ne suis pas allé sur Liberty Island. Surement la prochaine fois, histoire d’en prendre plein les yeux 😉

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