Barrack Obama, 44ème Président des Etats-Unis d’Amérique

Dans mon dernier article, je vous ai raconté comment je me suis retrouvé par le plus grand des hasards à Washington DC, une journée avant que le fraîchement ré-élu Président Obama ne prête serment pour son second mandat (souvenez-vous).

Je vous ai également expliqué comment par force de malice, de détermination et d’un soupçon de chance, j’avais réussi à trouver deux places pour assister aux festivités. Il est maintenant temps de vous raconter la cérémonie.

Nous sommes le lundi 21 janvier 2013. Je me réveille à 4h30 du matin. Ma cousine qui m’accompagne et m’héberge pour l’occasion habite loin du centre ville. Juste le temps de se préparer, d’avaler un café et de s’habiller chaudement, et nous sautons dans la voiture en direction du terminus du métro. Nous arrivons à la gare à 6h15, mais les quais sont déjà très animés.

La police est présente et très visible. Les portiques d’entrée ont été débrayés pour éviter la cohue, et des chiens renifleurs d’explosifs inspectent les sacs à dos de quelques voyageurs avant qu’ils ne montent à bord des rames. Il est tôt mais les wagons sont déjà bien remplis. L’ambiance est bonne enfant et la plupart des gens arborent des tee-shirts ou des casquettes Obama. Tout est bon pour faire fonctionner l’économie…

Nous arrivons dans le en ville une demi-heure plus tard. Le centre de Washington DC a des allures surréalistes. Toutes les rues ont été bloquées par l’armée, et des gros 4×4 Hummer sont en travers de la route pour bloquer les artères principales. Les invitations que nous avons récupérées donnent accès au carré orange, qui est l’une des zones VIP de la cérémonie. Il se trouvent derrière les fontaines du parvis du Capitole, à quelques centaines de mètres des escaliers du Sénat depuis lesquels Obama va prêter serment.

des 4×4 militaires bloquent les rues de la capitale en quasi état de siège

Le problème c’est que pour accéder sur place, il faut passer par des sas pour être fouiller, et la file d’attente est extrêmement longue. Les gens sont tous très disciplinés, mais alors que cela fait presque 30 minutes que nous attendons, je me rends bien compte que nous n’avançons pas. Des policiers s’approchent alors de la foule, et hurlent dans des mégaphones que les détenteurs de passes bleues, oranges ou verts peuvent se rendre à 4 patés de maisons de là, où un autre sas de fouille a été mis en place.

Tout comme des milliers de personnes, je me mets à courir pour accéder là-bas le plus rapidement possible. Dans la bousculade, je perds ma cousine de vue. J’ai beau revenir sur mes pas, je ne parviens pas à la localiser, et elle n’a pas de téléphone. Je prends la décision de continuer sans elle, c’est illusoire d’espérer la retrouver. D’immenses tentes ont été dressées, sous lesquelles  des détecteurs de métaux, les mêmes que ceux qui équipent les aéroports, ont été installés.

Le personnel de TSA, normalement en charge de la sécurité dans les aéroports américains, a été réquisitionné pour fouiller les centaines de milliers de personnes venues assister à l’évènement.

les tentes où tous les spectateurs sont fouillés

Comme à l’aéroport, on nous demande de retirer tout effet métallique ainsi que nos chaussures qui passent dans des machines à rayons X. Les appareils photos et l’électronique sont elle inspectés à part. J’ai avec moi mon reflex Canon 5D et ma GoPro. On me demande de prendre une photo avec les deux et de les afficher sur les écrans LCD des appareils, pour prouver qu’ils fonctionnent et n’ont pas été modifiés. Problème la GoPro ne dispose pas d’écran LCD.

L’agent TSA me dit qu’il ne peut pas m’autoriser l’entrée si je ne peux pas prouver que c’est une vraie caméra. J’ai beau lui répéter que c’est un modèle très répandu qui ne dispose pas d’affichage externe, il ne veut rien entendre. La discussion devient de plus en plus agitée et finit par attirer l’attention d’un homme en costume noire, qui se rapproche de nous. Je lui explique la situation et il me dit d’attendre. Il parle dans un talky-walky pendant plusieurs minutes. Je suis sorti de la file et reste attend pendant une quinzaine de minutes, jusqu’à ce qu’un autre homme, lui aussi en costume noire, me demande de lui montrer ma GoPro. Par chance, il en a déjà vu et connait leur fonctionnent. Martial il lance un “all clear” à son collègue et l’histoire est close. Je peux enfin passer de l’autre coté des barrières: sur le mall.

Il n’est pas encore 9h00. La cérémonie ne doit pas commencer avant 2 heures et l’endroit est déjà noir de monde. Des policiers et des militaires quadrillent l’espace, tandis que d’autres officiers sont perchés sur un promontoire et observent la foule. On discerne sur les toits des bâtiments des hommes en armes, et des ombres sur le toit du Capitole trahissent la présence de tireurs d’élite.

Tireurs d’élite sur le toit de bâtiments entourant le mall

Il fait froid et nous sommes tous débout et statiques. Pourtant l’ambiance conviviale et l’excitation, faute de réchauffer les corps, vient réchauffer les esprits. En flottant à travers la foule, je finis par me retrouver juste en face du podium depuis lequel Obama devrait prêter serment.

Les officiels commencent à arriver au compte goutte. J’ai beau être dans un “carré VIP”, il est impossible de les reconnaitre sans regarder sur les deux écrans géants qui ont été installés de part et d’autres de l’estrade. C’est d’abord les prédécesseurs de Barrack qui font leur entrée, avec Jimmy Carter et Bill Clinton. Les Bush père et fils ont décliné l’invitation pour cause de problème de santé du paternel (88 ans au compteur).

Puis arrive des stars connues pour être proches du Président, incluant Eva Longoria, Kelly Clarkson, Katy Perry…

Une pause se fait et la musique d’ambiance commence. J’en profite pour regarder derrière moi. Une foule immense s’est amassée. Elle va des escaliers du Capitole jusqu’au Lincoln Mémorial, situé 3km plus loin. Les chiffres rendus publics le lendemain indiqueront que plus d’un million de personnes étaient sur place. C’est un chiffre énorme, mais c’est comparativement moitié moins que quatre ans plus tôt, lors de la première cérémonie de serment d’Obama, où 1,8 millions de personnes étaient venues assister à l’évènement.

Le bruit de la foule est finalement rompu par une annonce: Madame Obama accompagnée de ses deux filles sont annoncées sur l’estrade. J’aperçois de là où je suis, trois silhouettes qui franchissent la porte et prennent place de part et d’autre du pupitre que je distingue à peine. Puis, très peu de temps après Mr Barrack Hussein Obama est annoncé. La foule est en émois et une énergie incroyable se dégage. Puis le silence s’installe à nouveau alors que Beyoncé entonne l’hymne national américain.

Mes voisins reprennent le “Star-Spangled Banner Anthem“, tandis que les militaires et les policiers se mettent au garde à vous.

Pour ceux qui n’aurait pas vu les images, je vous épargne ma vidéo GoPro de mauvaise qualités et vous propose celle de la télévision américaine, d’un tout petit peu meilleure qualité.

Lorsque Beyoncé termine sa prestation, la cérémonie débute. Le Président de la Cours Suprême des Etats-Unis s’avance sur le devant de la scène, puis après une brève allocution invite Obama à le rejoindre.

Il lui fait répéter la phrase:

I, Barrack Hussein Obama, do solemnly swear that I will faithfully execute the office of President of the United States, and I will, to the best of my abilities, preserve protect and defend the Constitution of the United States. So help me God.”

Barrack Obama a la main posée sur une Bible, ou plus exactement deux Bibles. Celle d’Abraham Lincoln et celle du révérend Martin Luther King: tout un symbole.

Après avoir prêté serment, Mister Président prononce son discours d’introduction. Je l’écoute avec attention, tout comme les milliers de personnes qui m’entourent et gardent toutes un silence religieux. L’universalité du message qu’il délivre me touche.Pas de promesses, il présente sa vision des Etats-Unis et de leur rôle à jouer dans le Monde. Tout en s’ancrant dans les fondements de la Constitution Américaine. C’est un discours résolument tourné vers l’avenir.

Quelques morceaux choisis:

We hold these truths to be self-evident, that all men are created equal; that they are endowed by their Creator with certain unalienable rights; that among these are life, liberty, and the pursuit of happiness. Today we continue a never-ending journey to bridge the meaning of those words with the realities of our time.  For history tells us that while these truths may be self-evident, they’ve never been self-executing; that while freedom is a gift from God, it must be secured by His people here on Earth.

For we, the people, understand that our country cannot succeed when a shrinking few do very well and a growing many barely make it.

Our journey is not complete until we find a better way to welcome the striving, hopeful immigrants who still see America as a land of opportunity, until bright young students and engineers are enlisted in our workforce rather than expelled from our country.

Our journey is not complete until our gay brothers and sisters are treated like anyone else under the law. For if we are truly created equal, then surely the love we commit to one another must be equal as well.

et le meilleur pour la fin, la déclaration qui est pour moi la plus forte

We are true to our creed when a little girl born into the bleakest poverty knows that she has the same chance to succeed as anybody else, because she is an American; she is free, and she is equal, not just in the eyes of God but also in our own.

les curieux peuvent récupérer ici l’intégrale du discours d’inauguration d’Obama en anglais, et ici pour le discours traduit en français.

Evidemment, je ne suis pas naïf, et il faut remettre ce discours dans le contexte politique dans lequel il est prononcé. Au delà des mots il faut bien sûr regarder les actes. Cela dit, un homme politique, encore plus lorsqu’il a des responsabilités telles que celles du Président des Etats-Unis d’Amérique doit avoir une vision pour son pays et les citoyens qu’il dirige; il doit être un leader.

En ce 21 janvier 2013, Obama a partagé ses voeux et sa vision du monde, et elle m’a parlé. Je ne suis pas citoyen américain, mais en quittant ce mall bondé, je me dis que j’aurais été fier d’entendre mon Président prononcer ces même mots. Tandis que je m’éloigne et que vais essayer de retrouver ma cousine dans cette cohue, j’ai l’impression étrange d’avoir été le témoin d’un moment d’Histoire.

Et poum, un pelle-mêle photo:

Obama's Introduction Day - Washington DC, DC, USA

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