Après avoir vendu la Chérie Moya à Antofagasta (rappelez-vous), et avant de repartir du Nord du Chili en piéton, j’ai décidé de louer une voiture pour découvrir l’une des région les plus connue du pays: le désert d’Atacama. Pour m’accorder plus de liberté et ne pas stresser à chaque nid de poule, j’ai vu les choses en grand et mon choix s’est porté sur une Toyota Hilux.

mon joujou pendant 4 jours dans le désert d’Atacama

Ce sont ces 4×4 que l’on trouve pratiquement partout en Amérique du Sud. Ils sont gros, puissants et quasi incassables. Ne lésinant pas sur les moyens, je me suis même offert un 4,9L turbo diesel, un tank virtuellement invulnérable. En m’adressant à plusieurs agences de location du coin pour comparer les prix, je me suis aperçu que les loueurs de voitures dans la région travaillaient en quasi exclusivité pour les compagnies minières qui ne possèdent pas elles-même leurs propres flottes de voitures. Non content d’avoir un pick-up Hilux dans lequel je ne pouvais monter qu’en utilisant un petit marche-pied, je me suis aussi retrouvé avec une caisse équipée en accord avec les exigences des compagnies minières: une roue de secours supplémentaire, un girophare et un drapeau de près de 6 mètres surmonté d’une lumière. Le loueur m’a expliqué que c’était pour être vu par les chauffeurs de camions miniers depuis leur poste de pilotage.. Je n’ai pas bien compris sur le coup, jusqu’à ce que je croise un convoie transportant ces mastodontes utilisés pour l’extraction minière. Inutile d’écrire d’avantage, je vous poste la photo qui parle d’elle-même.

des camions, des très gros camions pour les mines…

Les formalités administratives faites, j’ai pris la route accompagné de deux couch surfers d’Antofagasta en direction de San Pedro d’Atacama. Durant le trajet, nous avons traversé plusieurs villes fantômes, vestiges d’une époque pas si lointaine où la région était célèbre pour ses mines de nitrate, utilisé principalement pour fabriquer la poudre à canon. Après l’invention par un chimiste allemand durant la seconde guerre mondiale de nitrate de synthèse, les nombreuses exploitation et les villages qui abritaient les mineurs ont été laissés à l’abandon. Il en reste encore beaucoup le long de la route, que l’on aperçoit à peu de distance de la route. Dans ces villes qui rappellent celles des westerns, le temps semble s’être figé; construites dans un désert ultra aride, les maisons ont plutôt bien résistées au temps qui passe, mais un détour par le cimetière d’une de ces villes fantômes m’a glacé le sang. Beaucoup de tombes ont été pillées pour récupérer des vêtements ou des bijoux sur les macabés; résultat, un nombre impressionnant de cercueils ouverts , révélant des squelettes outragés mais dans un parfait état de conservation.

le cimetière de l’une des villes fantômes sur mon chemin…

Arrivés à San Pedro de Atacama, un petit village devenu le camp de base pour tous les touristes souhaitant visiter la région, nous choisissons de ne pas dormir sur place et de partir de nuit en direction du champs de geysers d’El Tatio, le plus haut du monde à presque 4200m d’altitude. Nous nous arrêtons à mi-chemin pour dormir, moi dans sur la plateforme du pick-up, mes acolytes dans la voiture. La nuit est plutôt courte: tout d’abord nous voulons être au champ de geysers pour le lever du soleil, ensuite parce que la température descend en dessous de -20 degrés celsius. Le désert d’Atacama présente dans cette zone les plus importantes amplitudes thermiques du monde (40 degrés en moyenne entre le jour et la nuit). Couplé à l’altitude, c’est une région biologiquement morte où il n’y a aucune vie animale, et mieux encore, aucune vie bactérienne non plus. Nous arrivons à El Tatio à 6 heures du matin, la température est glaciale et la voiture peine à plusieurs reprises à démarrer, vraisemblablement à cause de pailles de glace qui se sont formées dans le diesel.

les geysers d’El Tatio au petit matin

Le spectacle du lever du jour, entouré par les sommets Andins qui culminent ici à plus de 5500m et des fumeroles est splendide. Je prends des photos tout en sautillant sur place pour me réchauffer, alors que malgré le soleil, il fait toujours -13 degrés celsius. Après une dizaine de shots, mes doigts sont congelés et je les trempe en vitesse dans l’eau bouillonnante des geysers pour retrouver des sensations.

t’as fumé ou quoi?

Avec l’heure qui avance, la température se réchauffe et nous pouvons prendre le petit déjeuner sur place avant de repartir, cette fois-ci en direction du village de Chiu Chiu (ne pas confondre avec Miu Miu), l’un des plus vieux villages du Chili créée par les Conquistadors après que ceux-ci soit entrés depuis la Bolivie en traversant les Andes.
Le soir et sous les menaces de mes deux acolytes qui n’ont pas fermé l’oil la nuit précédente, nous décidons de passer la nuit dans un hostel de San Pedro, et allons nous coucher au chaud, non sans avoir fait une partie de carte. Le lendemain nous partons en direction  des lagunas Miscanti et Miñiques connues pour être le seul endroit au monde où l’on peut observer simultanément les 4 variétés de flamands roses qui existent sur la planète. Malheureusement pour nous, les flamants ont déserté les lieux pour cause de températures trop basses, et ils se sont réfugiés autour du salar d’Atacama. le spectacle des volcans enneigés entourant les lagune turquoises reste néanmoins splendide et justifie largement les 3 heures de trajet pour y aller. Le fun des 1 heure de conduite était tout aussi cool, enfin plus pour moi que pour mes passagers dont les couleurs changeaient en fonction de la durée de mes dérapages.

laguna Miscanti et volcan Miñiques en arrière plan

Je m’étais promis après avoir traversé le salar de Uyuni en solo, de faire de même avec le salar d’Atacama. Seul bémol, la surface de ce dernier n’est pas compatible avec les véhicules. C’est une découverte que j’ai fait sur place en m’apercevant que loin d’être parfaitement uniforme et plate, la surface du sol est au contraire formée de formes étranges, anarchiques et surtout extrêmement coupantes, rendant toute entrée  sur le salar avec un véhicule à roues impossible. Nous avons donc du pour retourner sur Antofagasta faire un grand détour et emprunter une route construite par les compagnies minières qui exploitent ce lac de sel (qui renferme à lui seul 1/3 des réserves mondiales de lithium). Intéressant de voir les moyens extraordinaires qu’elles emploients sur place.

laguna Miscanti et volcan Miñiques en arrière plan

Et pour complèter mon expérience sur place, je me suis aussi offert une ultime panne d’essence à 150 kilomètres d’Antofagasta, dans une plaine aride, déserte et où le thermomètre indiquait 40 degrés. Heureusement pour moi, des employés de la mine affairés à la réfection de la route nous ont dépanné en précieux or noir, trop contents de voir des gens et à fortiori des touristes dans ce néant.
Et pour vous offrir une aventure sans risque, bien au chaud, et assis dans un fauteuil, un pêle-même photo. Enjoy!


  

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5 Comments

  1. Whaaaaah !!!!! Quel pêle-mêle ! Quelle beauté ces geysers si hauts ! Quelle amplitude climatique ! Ce désert si sec, sans pollution et en altitude est un lieu exceptionnel pour les astronomes. Le régal des yeux partout.

  2. Whaaaaah !!!!! Quel pêle-mêle ! Quelle beauté ces geysers si hauts ! Quelle amplitude climatique ! Ce désert si sec, sans pollution et en altitude est un lieu exceptionnel pour les astronomes. Le régal des yeux partout.

  3. Merde 40 degres de variation de temperature… comment as-tu pu dormir?!!!

  4. Merde 40 degres de variation de temperature… comment as-tu pu dormir?!!!

    1. @Flo: ben dans mon duvet tout habillé en thermiques. J’ai eu un peu froid et j’ai pas beaucoup dormi, mais j’ai survécu, c’est déjà ca 😉

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