Dix jours à Santiago. Ca n’est pas beaucoup si l’on considère tout ce que j’y ai fait: acheter une voiture, souscrire une assurance (cf article précèdent), visiter la ville, prendre des cours de cueca… Ce n’est pas beaucoup mais c’est aussi suffisant, largement suffisant pour que j’arrive à saturation de cette grande ville, sans beaucoup d’attractions touristiques, et où la pollution couperait le souffle même au Grand Bleu. C’était donc une libération de la quitter, et une excitation encore plus grande car c’est au volant de ma nouvellement baptisée Chérie Moya, que je m’éloigne de la capitale chilienne.

Une info que je ne vous avais pas donné avant, c’est que nous sommes actuellement deux à voyager dans la Chérie Moya. J’ai été  rejoint dans mon aventure par Mademoiselle Marion, avec laquelle j’étais allé rencontrer les tribus reculées de l’Est de la Birmanie (petit flashback avec cet article). Elle voyagera avec moi pendant quelques mois le temps de parcourir le Chili, l’Argentine et la Bolivie.

Je ne suis pas parano par nature, et même si je n’ai pas douté un seul instant que la Chérie Moya serait fidèle, j’ai préféré pour ma première sortie avec elle ne m’éloigner que de 150 kilomètres de Santiago. C’est à Valparaiso que nous avons mis le cap pour cette première escapade chilienne.

L’histoire de Valparaiso, Valpo pour les intimes, est intimement liée à la mer qui la borde. Elle a connu son heure de gloire au XIXème siècle où elle était le plus important port d’Amérique du Sud. Stratégiquement située, c’était la première escale des navires reliant le vieux continent à la côte Ouest Américaine après avoir traversé les eaux tumultueuses du Cap Horn. Ceci s’était bien sûr avant que le canal de Panama ne soit inauguré en 1915.

Le rôle central qu’avait cette ville/port dans le commerce maritime mondial a alors largement diminué. Elle n’en reste pas moins un port d’importance pour le Chili et l’ambiance qui y règne le rappelle continuellement. La zone portuaire de la ville est étonnement située, en plein centre ville. L’ambiance générale est donc loin d’être aseptisée; les bars côtoient les “clubs” aux façades subjectives qui rappelle étrangement certains hauts lieux de Pigalle. L’ajout récent de la ville au patrimoine de l’UNESCO amène de plus en plus de touristes sur place. Ils viennent se perdre dans la masse des dokers, de vendeurs de rues, et de hordes de chiens errants qui sautent au dessus des mendiants somnolant sur le trottoir.

Présenté comme cela Valpo n’est pas très attirante, et pourtant la ville dégage un immense charme. Construite sur un ensemble de collines, les “cerros”, les quartiers se succèdent désordonnés. Les rues serpentent à travers de belles maisons aux cloisons de tôles colorées, mais aussi de cabanes faites de bric et de broc qui rappellent à s’y méprendre les favelas brésiliennes. Les “ascensores”, des funiculaires en bois hors d’age, permettent d’éviter d’avoir le souffle coupé en grimpant les multiples escaliers qui parsèment la ville. Ils menacent de se détacher chaque fois que la poulie qui les actionne s’enclenche pour amener les passagers à leur sommet.

Valparaiso mérite vraiment le déplacement; l’ambiance qui y règne , moins aseptisée que le reste du pays, rappel au voyageur qui en doutait encore qu’il est arrivé en Amérique du Sud. C’est une ville populaire, désordonnée, sale même selon certains critères. Ses habitants ont “des gueules” comme on dit. C’est une ville qui a du caractère et c’est justement cela qui en fait son charme.
Néruda la décrivait dans l’un de ses poèmes comme  une femme absurde qui n’a jamais pris le temps de se coiffer ni de s’habiller, et est toujours surprise par la vie. Une très fidèle description de la manière dont j’ai ressenti l’atmosphère sur place.

Et vlan pêle-mêle:

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2 Comments

  1. Merci de nous faire decouvrir Valpo – inscrit au patrimoine de l’Unesco! – ses maisons multicolores qui ont l’air d’avoir ete construites en plein champ de bataille! Cela correspond exactement a la description qu’en a fait Neruda (que je decouvre aussi en lisant ton article!).

  2. Merci de nous faire decouvrir Valpo – inscrit au patrimoine de l’Unesco! – ses maisons multicolores qui ont l’air d’avoir ete construites en plein champ de bataille! Cela correspond exactement a la description qu’en a fait Neruda (que je decouvre aussi en lisant ton article!).

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