En quittant Valparaiso et après avoir fait un petit saut à Vina Del Mare, sa petite soeur bourgeoise du Nord, c’est en longeant la côte pacifique que nous choisissons de rejoindre la région des lacs. C’est une multitude de petits villages de pêcheurs que nous traversons, tous avec des noms plus chantant les uns que les autres: Buchupureo, Bucalemu, Pichelimu…

Nous sommes toujours proche de Santiago mais en même temps si loin déjà. Tous ces hameaux semblent endormis. Ils vivent à leur propre rythme au gré des marées, de la brume et du passage aléatoire des quelques bus qui les relient entre eux.

Puchalemu au matin

Nous faisons notre premier stop à Isla Negra, le village où Pablo Neruda, le célèbre ambassadeur mais aussi prix Nobel de littérature chilien avait l’une de ses maisons. la décoration des lieux est comme à ses habitudes sans aucune faute de gout. Isla Negra est l’occasion d’effectuer un baptême: la première nuit à l’arrière de la Chérie Moya (mais qui est Chérie Moya, cliquez-ici pour le savoir). C’est dans un champ face au Pacifique que se déroule cette grande première. L’expérience est un succès même si je m’aperçois que je ne peux pas étendre complètement mes jambes dans le coffre… je m’habituerai.
Nous continuons la route et passons la nuit suivante à Buchupureo, directement sur la plage cette fois-ci . Alors que les premiers rayons de soleil viennent me tirer du lit, j’entends au loin des bruits de sabots qui se rapprochent. Un cavalier en costume traditionnel chilien apparait à l’horizon sur une superbe monture.

Alors que je focalise sur ses impressionnants éperons, il me salue sans prêter beaucoup d’attention à ma tenue “décontractée”: je suis en calecon entrain de boire mon café. Quelques secondes plus tard, je deviens le spectateur d’une extraordinaire séance de dressage sur le sable noir volcanique de la plage. La lumière douce du matin accentue davantage la beauté de la scène.

J’ai à peine le temps de finir mon djezve que déjà un second cavalier arrive. Je le salue avant de reprendre la route. Alors que j’avance sur une piste défoncée qui longe le littoral, une violente réalité me revient en pleine figure. Le tremblement de terre de 2010, dont l’épicentre ne se trouvait qu’à quelques centaines de kilomètres plus au Nord, avait tourné les objectifs des journalistes du monde entier sur le Chili. Un an plus tard, les malheurs des sinistrés ne font plus la une des journaux, pourtant les dégâts titanesques qu’il a causés sont toujours là. Comme une énorme cicatrice mal refermée, la route est bordée de maisons en éventrées à l’abandon. Ici ce n’est pas tant le tremblement de terre d’une magnitude de 8.9 sur l’échelle de richter (qui en compte 9) qui a causé des dégâts, que le tsunami qui a suivi et qui a rasé la plupart des constructions en bord de mer.
Mon guide de voyage, publié en 2009 indique que Buchupureo est l’un des plus importants villages de pêcheurs de la région. Pourtant aucun bateau ne mouille dans le port. En discutant avec des locaux, je découvre avec stupéfaction que l’énorme vague a emporté toutes les embarcations et une bonne partie des marins avec. Buchupureo n’est plus tout comme une bonne partie des bourgades du coin d’ailleurs.

Alors que nous continuons notre chemin toujours plus au Sud, un panneau de signalisation attire notre attention. La ville de Lolol est à seulement 20 kilomètres d’où nous sommes. Toujours aussi geek, je décide que la bonne blague et la photo sous le panneau de la ville mérite bien le détour. Alors que j’arrive sur place, et même si le panneau est toujours là, je me marre beaucoup moins. La ville a été dévastée par la tremblement de terre dont l’épicentre n’était qu’à quelques dizaines de kilomètres. Les habitants de Lolol ne se marrent plus vraiment et la ville est toujours un immense champs de ruines, 18 mois après la catastrophe.
90% des maisons ont été détruites et celles qui tiennent toujours debout sont très endommagées. Sur la place du village, l’un des murs de l’église s’est effondré et une grande tente sous laquelle sont alignées des chaises fait office de lieu de culte.

Accroché sur l’un des poteaux un panneau marque ironiquement:
“Dieu vous écoute mais pas par téléphone”. Le 14 mai 2010, le numéro de dieu devait sonner occupé, au moins pour les habitants de Lolol

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