Lorsque je vivais encore en Angleterre, j’étais un fan inconditionnel du show TV Top Gear. Je suis sûr que la plupart d’entre vous en ont déjà entendu parler, mais pour ceux qui vivraient sur une autre planète, il s’agit d’une émission de télévision britannique centrée sur l’automobile et tous les objets roulants y compris non identifiés. Pour ceux qui n’auraient jamais vu un épisode de ce show déjanté, ne pensez pas que c’est une émission rasoir du même type que Turbo sur M6. Les budgets de production alloués par la BBC sont pharaoniques et permettent aux trois animateurs (Jeremy Clarkson, Richard Hammond et James May) de s’offrir toutes les fantaisies et folies qui leur passent par la tête comme des courses aux volants de Bugatti Veyron ou autres Ferrari F430 sur un circuit privé spécialement mis à disposition pour l’émission.
Outre les courses de bolides dont le prix ferait frémir même un banquier de la city, Top Gear lance régulièrement à ses présentateurs des challenges tout le temps originaux, régulièrement fous voir parfois profondément stupides. Les exemples ne manquent pas mais ceux qui me reviennent à l’esprit sont la fabrication d’une montgolfière en utilisant comme nacelle une vieille caravane, ou encore une course de voiture dans les égouts de Budapest. Pour en savoir un peu plus sur l’émission je vous conseille un coup d’oeil sur leur site web http://www.topgear.com, ou mieux, de lancer une recherche sur youtube pour avoir un aperçu de leur degré de folie.
Il y a de deux ans de cela, alors que je préparais mon voyage, j’étais tombé sur une émission où les trois acolytes se trouvaient en Amérique du Sud et devaient au volant de 4×4 achetés 1000 dollars au Brésil, traverser l’Amazonie jusqu’au Pérou. Après des aventures épiques au milieu de la jungle au volant de poubelles hors d’age, ils avaient emprunté une route bolivienne qui m’avait stupéfait.
Connectant la Cumbre à 4500m d’altitude, à Coroico à 1500 d’altitude, cette route serpente à travers les montagnes sur une soixantaine de kilomètres et longe en permanence un précipice de plus de 1000m. Extrêmement étroite, les véhicules ne peuvent s’y croiser qu’à de très rares endroits et c’est l’unique route en Bolivie où l’on roule à gauche afin de permettre aux conducteurs de mieux jauger la proximité du précipice.
Mais pour vous faire une meilleure idée, jetez plutôt un coup d’oeil à l’extrait de l’émission

Du fait du nombre astronomique de véhicules ayant basculés dans le précipice, le plus célèbre ayant entrainé la mort de plus de 100 personnes lorsqu’un bus surchargé fit une sortie de route, la  Stremnaya Road comme elle s’appelait initialement a rapidement été surnommé “El Camino de la Muerte” par les Boliviens, soit littéralement  la Route de la Mort. L’émission Top Gear qui avait été tournée sur place m’avait impressionné et je m’étais juré à l’époque de l’emprunter une fois en Amérique du Sud.
Aussitôt dit aussitôt fait, je décide un samedi en milieu d’après midi de m’attaquer avec Mai (cf ici pour ceux qui aurait raté un épisode et ne savent pas qui est Mai) à cette fameuse route de la mort au volant de ma Chérie Moya. De La Paz je grimpe tout d’abord jusqu’à La Cumbre à 4670m d’altitude. La route que j’emprunte est un important point de passage pour les narcos. A une vingtaine de kilomètres de La Cumbre, nous sommes arrêtés par la brigade anti-drogue. J’aborde le militaire qui me contrôle avec un grand sourire en lui tendant mes papiers tout en lui expliquant que je ne comprends pas l’espagnol. Alors que le policier controle attentivement la carte grise de la voiture, il me demande mes papiers. Je fais mine de ne pas comprendre et lui lance un “no entende”, mais la le drame se produit: Mai la japono-bolivienne qui m’accompagne à la langue qui fourche et se met à lui répondre en Espagnol. Erreur fatale: le bidas qui pense qu’on a essayé de lui jouer un tour se lance dans une fouille en règle de la voiture. Une heure et demi plus tard et après avoir vérifié tous nos sacs un par un, nous pouvons enfin repartir. Le temps se couvre alors que nous arrivons à La Cumbre. Une déviation à peine visible nous amène de la route principale vers un minuscule sentier de terre. Au premier abord on pourrait le confondre avec un sentier de randonnée mais un panneau confirme qu’il s’agit bien de la fameuse Stremnaya Road.

Entrée del Camino de la Muerte


Nous nous lancons dessus. La chaussée est effectivement étroite, mais ne me parait pas beaucoup plus dangereuse que certaines routes que j’ai empruntées dans le Nord de l’Argentine où en traversant la Cordillera Real quelques jours plus tôt. Après des années de travaux, une déviation à été construite plus en amont et le Camino de la Muerte, bien que toujours en mauvais état n’est plus emprunté que par un nombre infime de véhicules, la plupart des vans touristiques qui accompagnent les touristes qui descendent à La Cumbre en VTT. L’adrénaline n’est donc que moyennement au rendez-vous, et je constate que la séquence de Top Gear, tournée en 2008 alors que la déviation était déjà en place a été allègrement truquée pour impressionner le public. Il n’en demeure pas moins que la route est très belle mais l’aspic de 1000m à ma gauche abrupte. Le nombre de croix sur le bord de la route, placées chaque fois qu’une personne a trouvé la mort vient aussi rappeler que ce chemin aujourd’hui principalement emprunté par des touristes en VTT n’a pas toujours été aussi paisible.

l’une des nombreuses croix bordant la route


Mais ce qui m’impressionne le plus c’est la rapidité avec laquelle nous passons d’un climat froid d’altiplano à un climat tropical. Coroico se situe en effet dans la région des Yungas, la zone pré-amazonienne de Bolivie. C’est ici, à l’Est de la Cordillères des Andes sur les plateaux surplombant le bassin amazonien que sont cultivés le café et les fruits exotiques (bananes, papayes, mangues, oranges et bien sûr feuilles de coca) qui sont vendus dans tous les pays.


Après 50 minutes de descente (je vous laisse calculer la vitesse moyenne 😉 ) et alors que nous avions quitté La Paz sous un crachin glacial, nous entrons à Coroico sous un grand soleil et plus de 25 degrés. Jérémy Clarkson m’a décu mais pas la Route de la Mort.

Et  pour ceux qui n’ont pas le vertige, une vidéo…

 et un pêle-mêle dans la foulée – Enjoy!

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2 Comments

  1. Titre du jeu : El Camino de la Muerte.
    But du jeu : En sortir vivant.
    Pour les amateurs de sensations fortes.
    Pour les paysages magnifiques !!!
    Un oeil sur la route, l’autre sur le paysage.
    Prévoir des séances de rééducation chez l’ophtalmo.

  2. Jamais entendu parler de Top Gear… Flo telephone maison, telephone maison… pardon depuis on a invente Skype 😉
    Anyway la route parait tout de meme impressionante surtout avec le brouillard malgre ton aisance evidente!

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