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Le Cerro Rico: La montagne qui avale les hommes…

Posté par zetoune
28 mai, 2012

Ce jeudi 5 avril n’a pas été un jour comme les autres. Je me suis réveillé à Potossi, une ville que personne ne saurait aujourd’hui situer sur une carte, mais qui dans un passé pas si lointain était célèbre dans l’Europe entière.

Potossi était il y a 350 ans la ville la plus peuplée du monde. A l’aube du XVIIème siècle, quelques 250 000 personnes y vivaient, tandis que Paris n’était alors qu’un bourg de 15 000 habitants et que Londres comptait moins de 23 000 résidents.

L’engouement suscité par Potossi n’avait rien à voir avec sa situation géographique: perchée à 4 090 mètres c’était et cela reste encore aujourd’hui la ville la plus haute du monde, où l’air est si rare que le moindre effort se transforme en calvaire, et que respirer s’apparente à une quête continue et effrénée d’un air bien trop rare à cette altitude. Ce qui attira à Potossi ces centaines de milliers de personnes était la colline à laquelle la cité est adossée: le Cerro Rico.

Le Cerro Rico de nos jours

Cette colline qui culmine à plus de 4800m était sacrée pour les aborigènes qui la vénérèrent durant des centaines d’années. Lorsque les Conquistadors arrivèrent sur place en 1515, un Espagnol eut ouï dire d’une légende locale, qu’un jeune berger avait un jour allumé un feu sur cette colline et que celle-ci s’était mise à fondre. Les aborigènes virent là un signe des Dieux, et bien qu’ils connaissaient l’existence de l’argent et savaient l’extraire et le travailler, ils décidèrent de ne pas toucher à ce gisement en hommage à Wiracotcha, leur Dieu.

L’ironie voulu que Wiracotcha soit représenté par les Indiens comme un homme blanc à longue barbe. Un énorme coup de chance pour les Européens fraichement débarqués de Madrid, dont le style et l’apparence correspondaient parfaitement à la l’idée que les locaux se faisaient de leur Dieu.

A peine les Conquistadors foulèrent-ils le sol sud américain, qu’ils jetèrent leur dévolu sur le Cerro Rico dont ils comprirent rapidement les incroyable ressources qu’il renfermait. Les aborigènes ne s’opposèrent pas à eux, convaincus qu’ils étaient les représentants terrestres de leur Dieu. L’extraction d’argent débuta dès le milieu du XVIème siècle et viendra alimenter l’économie espagnole et les fantaisies de sa couronne pendant plus de 200 ans. Mieux qu’une machine à billets, les colons Espagnols venaient de trouver une mine d’argent aux ressources quasi inépuisables.

Cerro Rico représenté avec un mélange de références chrétiennes et de croyances indigènes – peinture datant de l’époque coloniale

Pour extraire ce précieux métal, les Conquistadors amenèrent des esclaves venus d’Afrique. Du fait d’une adaptation génétique de certains africains, qui leur permettaient de résister au paludisme, il leur était souvent impossible en retour de s’adapter à la très haute altitude.

L’immense majorité des premiers esclaves noirs amenés pour travailler sur place souffrirent de violents maux de tête et d’hémorragies. Leurs symptômes, ceux prononcés du mal des montagnes, ne disparaissaient pas avec le temps du fait de leur incompatibilité génétique à l’altitude, et les malheureux finissaient par mourir.

Pour palier à ce défaut de main d’oeuvre, les Espagnols se tournèrent alors vers les Amérindiens qui vivaient sur place. Embauchés pour certains, enrôlés de force pour d’autres, ils étaient plus de 60 000 à travailler sur place à l’aube du XVIIème siècle. Les quantités d’argent extraites étaient telles que la couronne espagnole décida d’installer sur place un hôtel de la monnaie pour frapper directement une partie des pièces du royaume. Chacune des pièces frappées sur place portaient le double signe PTSI (cf photo ci-dessous), que l’on soupçonne d’avoir inspiré le signe $.

un real frappé à Potosi, sigle PTSI en bas à droite – crédit photo: wikipedia 

Après avoir épuisé les ressources minières en surface, les Espagnols commencèrent à rechercher des veines d’argent souterraines. Les mineurs commencèrent alors à creuser des galeries au coeur de la montagne, travaillant dans des conditions de plus en plus dantesques, passant 3 semaines consécutives sous terre avant de refaire surface. L’exposition prolongée dans l’obscurité totale forçait les Espagnols à leur bander les yeux à leur retour à la surface pour éviter que la lumière du soleil ne les aveugle définitivement.

L’exposition aux produits et gaz toxiques tels que le cyanure (que l’on peut toujours observer aujourd’hui suinter des parois), les effondrements et l’épuisement limitaient la durée de vie à quelques années. En dehors de la mine, les esclaves travaillant à l’extraction du précieux métal n’étaient guère épargnés eux non plus: alimentation à la force des bras des immense moulins utilisés pour broyer les pierres extraites, les mules mourant rapidement d’épuisement à cette altitude; extraction de l’argent par un mélange à du mercure et un foulage aux pieds empoisonnés quasi instantanément par le dangereux liquide…

En 230 ans d’exploitation de la mine du Cerro Rico par les Espagnols, on estime que plus de 41 000 tonnes d’argent furent extraites. Le pendant à ce chiffre est le coût humain du travail forcé imposé aux Mestisos et aux esclaves Africains: 8 millions d’entre eux périrent en travaillant sur place. De ces deux chiffres deux expressions prirent naissance. La première est une expression espagnole toujours utilisée aujourd’hui: “valer un potosí”, qui signifie “valoir une fortune“. La seconde est le surnom de Cerro Rico: “La montagne qui avale les hommes“

A l’indépendance, les mines continuèrent d’être exploitées et elles le sont aujourd’hui encore. Les ressources en minerai d’argent, bien que largement réduites ne sont toujours pas épuisées, mais c’est aujourd’hui avant tout l’étain que les mineros viennent extraire. Honteusement les conditions de travail sur place n’ont que très peu évoluées. Cela sera l’objet de mon prochain article…

 

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Bolivie, enfer, geographie, geopolitique, mine, Pelle-Mele, potosi, video
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Commentaires
Commentaire par Idole le 28 mai 2012 @ 23:50

Quel article intéressant ! Il ne manque rien, l’historique, l’histoire, la géographie,l’exploitation de la Bolivie, les relations humaines … Tu es un prof extraordinaire car tu es toujours passionnant. Adieu livres, cahiers, crayons… Partez voir le monde dès que vous le pouvez, voir le monde et non pas l’imaginer.

Ping par Aujourd’hui j’ai vu l’enfer… le 3 juin 2012 @ 02:55

[…] Contacts Article Précédent […]

Commentaire par Flo le 3 juin 2012 @ 06:03

Tres intéressant – sais-tu a quoi sert l’argent extrait de nos jours?
Le sigle potosi inspirant le $, complètement inattendu et pourtant frappant quand on voit la photo.

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