Nous avons quitté les bords du lac de Van pour nous rendre vers notre dernière étape turque: la ville de Kars. Son histoire est singulière puisqu’elle a été sous contrôle des russes jusqu’en 1918. Apres être brièvement retombée sous contrôle arménien, elle est redevenue turque en 1920 à l’issue de la guerre arméno-turque.

L’ex domination russe est toujours palpable, principalement à travers l’architecture de certains bâtiments qui la distingue de ce que nous avons pu voir jusqu’alors.

En entrant dans Kars, nous sommes surpris de découvrir une ville accueillante. Depuis que nous avons dépassé Erzeroum, les villes que nous avons traversées ne nous ont que rarement inspiré. Plus nous avons avancé vers l’Est et plus les autochtones se sont montrés froids. Pourtant c’est ici une ville colorée et qui ne manque pas de charme que nous découvrons. Cette sensation est renforcée par la présence dans les rues de beaucoup plus de femmes, et à des mœurs qui semblent beaucoup plus libérés que dans les dernières villes que nous avons traversées.

L’autre surprise, c’est la très grande colonie azéri qui peuple la ville. Sa présence est facilement remarquable par les immatriculations des voitures et les noms de certains commerces et hôtels. Nous découvrons en discutant avec un habitant que qu’elle s’est implantée là récemment. Elle est en fait essentiellement formée de personnes qui se sont refugiée ici lors du conflit du Haut-Karabagh, et qui sont restées dans la région après qu’il tombe sous contrôle arménien.

Mais la raison pour laquelle nous sommes venus à Kars est autre. C’est la ville la plus proche des ruines de l’ex capitale arménienne Ani. Célèbre pour tous les arméniens, elle a été la capitale du royaume Bagratide au Xème siècle. Prospère son rayonnement a été telle qu’elle fut un temps la rivale directe de Constantinople.

En marge de cette glorieuse histoire, Ani a aussi longtemps été le symbole des terres arméniennes tombées sous contrôle turc. Malgré plusieurs tentatives russes pour permettre un accès des arméniens à ces vestiges mythiques pour eux, la zone est restée pendant de très nombreuses années sous contrôle militaire, et interdite au public sauf autorisation spéciale. Très peu de fouilles ont été autorisées et l’accès des scientifiques a été quasi nul.

Les restrictions d’accès au site se sont récemment relâchées, et il est dorénavant possible d’y accéder en traversant quelques check points. Certaines zones restent hors limite et interdites mais une bonne partie du site est visible au public.

Aucune restauration n’ayant été entreprise, et les accès au bâtiment n’étant ni contrôlés ni surveillés, le site se détériore très rapidement, au grès du climat, des tremblements de terre et des dégradations volontaires que certains touristes font. Les graffitis et gravures sur des murs peints ayant plus de 1000 ans sont nombreux (et les visiteurs arméniens ne sont pas en reste).

Au bout d’une route d’une quarantaine de kilomètres et après avoir traversé un dernier village kurde, nous voyons les immenses remparts de la ville en face de nous. L’entrée se fait par la porte Aslan, dont le nom viendrait soit du roi Seldjoukide qui a pris la ville au XIIIème siècle, a moins que cela vienne du la sculture représentant un lion, qui trône au sommet de la porte.

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De là un immense site s’étalant sur plusieurs kilomètres s’ouvre à nous. Les bâtiments sont pour beaucoup dans un très mauvais état, mais malgré cela, les peintures et bas reliefs qui se dévoilent à nous sont époustouflants. En avançant dans le site c’est une émotion intense qui se dégage et on ne peut qu’essayer d’imaginer ce qu’était cette ville il y a 1000 ans.[hop]
Aujourd’hui Ani n’est plus qu’un tas de ruines, une succession de pierre et de monuments perchés sur de hauts plateaux dominant la vallée de l’Akhourian, qui doucement s’effondrent. Mais c’est aussi tellement plus que cela… une âme, et le rêve de tant de grands pères arméniens, dont le mien de venir ici.


Mais plutôt que de continuer cette prose et cette description, qui ne pourra que trop infidèlement traduire ce qui transpire de cette ville, nous vous proposons d’en avoir un aperçu en vidéo et à travers un pêle-mêle photos.

P.S: Merci à Nico pour la musique

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1 Comment

  1. je ne me lasse pas de regarder cette vidéo , merci a ses concepteurs ;
    et un grand merci a NIKO pour la musique , étrange , émouvante , envoutante :

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